Le courrier de Zürich n’est pas encore arrivé…

L’UDC suisse vient de déclarer la guerre à Harmos. Et tant pis si cet accord intercantonal sur l’éducation est issu d’un nouvel article constitutionnel accepté par plus de 80% des électrices et électeurs en 2006. Elle a donc ordonné à ses sections cantonales de lancer le référendum contre l’accord, ce qui a été fait à Thurgovie et à Lucerne. Et c’est un élu vaudois, M. Grin, qui s’est chargé de défendre cette position sur les ondes de la RSR.
Mais le courrier de Zürich contenant ses instructions n’a pas dû arriver jusqu’à la section vaudoise du parti de M. Blocher. En effet, ses trois représentants au sein de la commission parlementaire ont accepté la ratification de l’accord. D’ailleurs l’UDC soutient l’initiative réactionnaire «école 2010» qui demande… la ratification d’Harmos et sa mise rapide en application. Il va falloir que Christoph vienne leur apprendre la discipline! A moins que les députés UDC ne tournent leur cuti devant le plénum du parlement… (ce qu’il n’ont pas eu la possibilité de faire aujourd’hui, le grand conseil n’ayant pas eu le temps d’épuiser son ordre du jour)

Une journée placée sous le signe de la résistance à Zurich?
Mais il faut dire qu’aujourd’hui, l’UDC vaudoise était, exceptionnellement, très cohérente dans son opposition à Zürich. Ainsi, pendant le débat sur la vente des actions de la BCV le porte-parole du groupe UDC, M. Bonjour, pourtant réputé pour être un des plus serviles partisans de la ligne blochérienne (au point qu’il truffe ses interventions parlementaires de références à la métropole de la Limmat), a affirmé sans rire que «la mentalité n’est pas la même à Zurich que chez les vaudois». En effet, les zurichois maintiennent leur banque cantonale… à 100% en mains publiques. Ce dont tout le monde, milieux économiques y compris, se félicite. Mais, obnubilée par son néolibéralisme (bien zurichois, cette fois), l’UDC vaudoise n’en veut rien savoir. Et a unanimement accepté le bradage des actions de la BCV. Au risque de renouveler le tragique exemple, zurichois lui aussi (décidément), de swiss(air), recapitalisée à grands frais par la Confédération, puis presque offerte à Lufthansa, juste avant qu’elle ne se remette à faire de (coquets) bénéfices.

Libéralisation, piège à qui?

Avec la libéralisation des services de renseignement téléphoniques, on allait voir ce qu’on allait voir. La fin du monopole du 111 ouvrait des jours radieux de baisses des prix et de hausse de la qualité. Il faut dire que la libéralisation des télécoms repose sur le solide a priori comme quoi elle aurait fait massivement baisser les prix. Mais, lorsqu’on avance cet argument, on oublie souvent de dire que cette libéralisation a eu lieu en même temps qu’une explosion technologique (boum de la téléphonie mobile et d’internet) qui, a elle seule était propice à des baisses massives de tarifs.
Mais revenons à la fin du monopole du 111. Force est de constater qu’aucune baisse de prix n’est en vue. Pire, selon la RSR («on en parle» d’aujourd’hui), les prix ont même augmenté d’environ 8% pour les renseignements nationaux chez swisscom et de plus de 20% chez son principal concurrent, le 1818. Les opérateurs «concurrents» poussent le tour de force d’arriver à augmenter leurs tarifs, malgré la concurrence des services gratuits sur internet. Bref, l’adage «concurrence = baisse de prix» prend une fois de plus du plomb dans l’aile. Quant à l’augmentation de la qualité du service, on a beau chercher…
Et dire qu’il y en a pour suivre les idées néolibérales de l’UDC et vouloir infliger plus de concurrence à la santé publique.

Manifestation de solidarité avec les grévistes de CFF Cargo, 28 mars, 17h30, gare de Lausanne

officine.jpg

La débâcle de CFF cargo démontre à quelle absurdité mène la logique néo-libérale appliquée au service public. Forcer une entreprise telle que CFF Cargo à être rentable sans subventions publiques est insensé: C’est le meilleur moyen de l’empêcher d’assurer correctement sa mission (le transfert de la route au rail) et de maintenir des emplois dans les régions les moins favorisées, ce qui fait aussi partie des tâches du service public. En échec également, la volonté de retirer toujours plus de compétences aux élu-e-s, pour les confier à des conseils d’administration difficilement contrôlables et qui ne se préoccupent guère de l’intérêt général, mais sont plutôt assujettis à la logique du marché.

La grève et la colère du personnel de CFF Cargo et de la population tessinoise face à une entreprise que l’on démantèle petit à petit, sans consultation du personnel ni des autorités politiques sont donc légitimes. Mais le Tessin, Fribourg et Bâle ne sont pas les seuls concernés. Comme l’ont montré les discussions de ces derniers jours, les CFF sont prêts à faire jouer les sites les uns contre les autres, menaçant les ateliers d’Yverdon-les-Bains. Les vaudoises et vaudois sont donc appelés à témoigner de leur solidarité avec les grèvistes lors d’une manifestation le vendredi 28 mars, à 17h30 devant la gare CFF de Lausanne. Cette manifestation est notamment soutenue par le PSV, la JSV, l’USV, le SEV, Unia et le SSP.

Le site de soutien aux ateliers de Bellinzone.

Le tract unitaire (pdf) de la manifestation.

 

Forces de l’ordre: la privatisation n’est plus rampante, mais évidente

Longtemps, même les plus convaincus des ultralibéraux prétendaient que certaines tâches publiques, parmi elles la police ou l’armée, ne sauraient être privatisées. Oh, il y avait bien quelques tentatives de confier quelques mandats à des securitas, mais elles se limitaient en général à des tâches de la police qui ne relèvent pas directement de la sécurité publique, comme faire la circulation ou contrôler du stationnement. Ces tentatives étaient déjà inacceptables. Les vraies bases légales permettant une privatisation de larges pans des tâches des forces de l’ordre sont rares, mais existent, par exemple en Argovie. 

Cette époque est bel est bien révolue et, désormais, les partisans de la privatisation totale de la police avancent à visage découverts. Et donnent le ton.

Continuer la lecture

Libéralisation de la poste: Pas de trêve pour les ultralibéraux.

Les récents déboires de la libéralisation du marché postal en Europe devraient inciter à la prudence. En Suède, seuls les gros clients ont vu leurs tarifs baisser, alors que les petits clients (particuliers et PME) ont subi des hausses tarifaires. Et, en Allemagne, la sous-enchère salariale massive que créent les concurrents de la Deutsche Post a forcé le gouvernement à instaurer un salaire minimum de branche en quatrième vitesse, salaire qui reste cependant nettement inférieur à celui des employés du service public. Dans notre pays, les derniers votes populaires contre la libéralisation du marché de l’électricité, contre la privatisation de services publics cantonaux et communaux, ainsi que la très courte défaite de l’initiative syndicale «service postal pour tous» auraient dû suffire à démontrer que la population ne se laisse pas berner et ne croit pas un seul instant que libéralisation rime avec amélioration des prestations. Une étude mandatée par le DETEC parue peu de temps avant Noël confirme que la libéralisation totale du marché postal mettrait en danger le service universel, entraînerait la fermeture de bureaux de poste et une dégradation des conditions de travail et de salaire pour les postiers-ères.

Continuer la lecture

Rolex Learning Center EPFL*

*«centre d’apprentissage d’une haute école universitaire publique sponsorisé par une grande marque de montre». (le français semble banni de l’EPFL, le site du centre d’apprentissage n’est qu’en anglais…)
regimg20080212-185000-320x180-007.jpg

J’étais hier soir l’invité du journal de 19h00 sur la TSR pour commenter la pose de la première pierre de ce centre d’apprentissage etc.

Ce partenariat public privé est très inquiétant. C’est un signe d’une privatisation rampante de la formation. Le risque est en effet très élevé que les pouvoirs publics, voyant que l’EPFL arrive a financer une des ses infrastructures centrales, dont une bibliothèque, grâce à des fonds privés, se désengagent encore plus et lui disent «débrouillez-vous», dès qu’il s’agira d’obtenir des crédits. Les privés seront ravis, et ils ne viendront pas gratuitement. Ils souhaiteront avoir de l’influence sur le contenu des cours et de programmes de recherches. On nous promet certes que les sponsors du «centre d’apprentissage» (outre rolex, il y a nestlé, le crédit suisse, losinger, etc.) ne demandent rien en échange de leur soutien financier (outre le fait de pouvoir pavoiser grâce à une école réputée dont la réputation s’est construite grâce… aux deniers publics!). Mais des garanties sérieuses que cette prise d’influence se limitera vraiment aux relations publiques, néant.

D’autant plus que les grandes entreprises ont un intérêt direct à contrôler la formation. Elles manquent d’ingénieurs et considèrent les hautes écoles comme des fournisseurs de main d’oeuvre. Les milieux économiques revendiquent d’ailleurs que les hautes écoles adaptent leurs programmes d’enseignement et de recherche aux besoins du marché du travail et de l’économique. Niant ainsi la vocation universelle des universités: La formation doit profiter à la société, pas aux sociétés.
Autre grave inquiétude: Le président de l’EPFL prétend qu’une telle réalisation ne serait pas possible s’il fallait uniquement compter sur l’argent public. Et sous-entend donc que la privatisation (ou du moins une privatisation partielle) serait nécessaire et inéluctable. Rien n’est moins vrai. En effet, investir dans le formation est extrêmement rentable pour les pouvoirs publics (les privés l’ont d’ailleurs bien compris). Il est toutefois probable qu’avec le recul du PS et la montée de l’UDC aux chambres fédérales, le parlement sera moins enclin à soutenir la formation. Mais il n’en demeure pas moins que les moyens pour soutenir les universités sont bel et bien là. La majorité bourgeoise trouve en effet toujours de quoi financer les cadeaux fiscaux, p. ex. la réforme de l’imposition des entreprises II, malgré leur inefficacité. Il ne devrait donc pas être bien compliqué de trouver les moyens d’investir dans la formation, où un franc investit en rapporte au moins trois en quelques années.

SANatorium

Autrefois, les privatisations, c’était jouer à l’apprenti sorcier. Avant de privatiser, on ne pouvait pas savoir que ça allait foutre un sacré chaos, que les actionnaires allaient s’en mettre plein les poches et que les usagers allaient déguster. Les pannes d’électricité et les hausse de prix à cause de l’ouverture du marché de l’énergie? On savait pas, promis. La gabegie des chemins de fer privatisés? On savait pas non plus, promis.
Mais, grâce au service des automobiles et de la navigation vaudois (SAN) et à son inénarrable directeur, on a pu tester en grandeur nature comment fonctionne un service public privatisé. Pardon, privatiser, c’est un gros mot. On dit : auto(vroum!)-no-mi-sé. On sait désormais d’avance que les méthodes de gestion du secteur privé peuvent aussi conduire (re-vroum!) à des catastrophes: Fêtes sans limites pour les cadres, fonds secrets, pouvoir quasi discrétionnaire pour le chef, personnel malmené. Sans oublier la perte de contrôle démocratique sur des tâches essentielles de l’Etat telles que la délivrance ou le retrait de permis ainsi que la sécurité des véhicules. Le 21 octobre, le peuple vaudois pourra serrer le frein à main.

Chronique de politique chronique parue dans le tromblon du 1er octobre.

Le 21 octobre: Non à l’autonomisation (privatisation) du service vaudois des automobiles et de la navigation (SAN)! Plus d’information…

san-tract-ps-une.jpg

(PS: Aujourd’hui, je change d’emploi: Je quitte Unia pour sa faîtière, l’Union Syndicale Suisse)

Pétition européenne pour le service public

D’habitude, je n’aime pas trop les pétitions. Je trouve qu’on a en général assez à faire avec les initiatives et autres référendums (d’autant plus que ça fuse, ces derniers temps, en matière de récoltes de signature, entre la révision de l’AI, la réforme de l’imposition des entreprises II, la privatisation du service des automobile vaudois, les initiatives du PS pour la justice fiscale, pour la protection du climat et j’en passe…) et que récolter des signatures pour une pétition dont on ne sait même pas si elle sera lue me semble être souvent un gaspillage de ressource. Je signe certes régulièrement des pétitions, mais je ne récolte que très rarement de manière active et ne suis presque jamais partisan du lancement d’une pétition.
Mais voici cependant une pétition qui mérite qu’on s’y arrête et surtout qui mérite qu’on récolte beaucoup de signatures: la pétition européenne pour les services publics. Cette pétition a été lancée par la confédération des syndicats européens (CES – ETUC), qui vise un million de signatures dans tous les pays de l’UE (pour le moment, il y en a environ 417’000). Cette pétition mérite à mon avis d’être soutenue pour les raisons suivantes:
Continuer la lecture

Libéralisons, libéralisez!

Il y a quelques années, quelques têtes savantes ont décrété que le secteur privé est plus efficace que le secteur public, que la concurrence est la panacée, que la gestion démocratique est démodée et que le service public doit donc être libéralisé et privatisé. Beaucoup y ont cru. Beaucoup ont obtempéré. Prenant pour exemple la libéralisation, paraît-il réussie, des télécoms, ces même têtes savantes proposent maintenant de passer à la vitesse supérieure: Poste, assurance-accidents (SUVA), service des automobiles vaudois, approvisionnement en électricité, et bientôt CFF, éducation, approvisionnement en eau, sécurité publique…
Continuer la lecture