Six semaines de vacances: c’est mérité et nécessaire!

Les salariés suisses ont bien bossé. Ils se sont même donnés sans compter. Les chiffres sont là pour le prouver: la productivité du travail a explosé de plus de 20% en 25 ans. Et ça continue: chaque année, ils font tellement d’heures supplémentaires que l’on pourrait créer 100’000 emplois à plein temps. Logiquement, ils devraient profiter des fruits de leurs efforts. Mais il n’en est malheureusement rien, car les salaires réels ont crû cinq fois moins vite que la productivité. Du côté du temps de travail, les salariés n’ont pas eu non plus droit à une compensation pour leur assiduité. Sur les 15 dernières années, la durée hebdomadaire du travail de travail n’a baissé que de 18 minutes. Et, depuis 2007, elle augmente à nouveau. L’heure est venue de faire de nouveaux progrès! Continuer la lecture

Epargne-logement: cadeau (fiscal) empoisonné

Faciliter l’accession à la propriété, le thème est alléchant. Parfois trop alléchant d’ailleurs. Les Etats-Unis l’ont par exemple expérimenté à leur dépens (et l’économie mondiale avec eux): une politique qui vise à encourager l’accession à la propriété peut vite mener au surendettement des familles et à la faillite du système bancaire. Mais c’est un autre sujet. Quoique.

Cela dit, l’initiative sur l’épargne-logement n’est rien d’autre qu’un piège à nigaud, destinée, une fois de plus à faire croire à la classe moyenne que ses impôts baisseront et qu’elle pourra réaliser ses rêves immobiliers. Alors qu’en réalité, ce sont les gros contribuables qui en bénéficieront. Continuer la lecture

Votations vaudoises: petit commentaire à chaud

Excellente nouvelle: l’élection à la proportionnelle, garante de plus de démocratie et de transparence dans les grandes communes, passe largement la rampe. Le PLR, qui s’y opposait seul contre tous pour conserver ses derniers bastions, subit une lourde défaite. L’Etat radical appartient un peu plus au passé… Il est intéressant de constater que plusieurs des communes concernées acceptent le passage à la proportionnelle (notamment: Belmont/Lausanne, Le Mont/Lausanne, Romanel/Lausanne et Blonay – qui la refusait il n’y a encore pas si longtemps; Bourg-en-lavaux ne la refusant que de justesse), alors que ses opposants PLR hurlaient au «diktat» et au «viol de l’autonomie communale».

Votation sur l’école: Autre excellente nouvelle: l’initiative réactionnaire-patronale-tea partiesque-créationniste «école 2010» a largement été rejetée, malgré des sondages très favorables. Il n’y a donc pas qu’aux USA que les Sarah Palin se prennent des vestes! Quant au succès de la LEO, il démontre les incroyables capacités de conviction d’Anne-Catherine Lyon, qui assoit de la plus belle des manières sa réputation de pacificatrice de l’école vaudoise. Il faut saluer ici l’engagement des syndicats, des parents d’élèves et de l’alliance PS-PLR au grand conseil, qui a réussi à forger le compromis gagnant.

Droit de vote des étrangers au niveau cantonal: Ce résultat était malheureusement à craindre, même si son ampleur est surprenante. Il devra certainement donner matière à réflexion à ceux qui seraient tentés d’offrir à nouveau à l’UDC de telles victoires sur de tels plateaux. Le dossier risque malheureusement d’être enterré un certain temps, même si l’idée fera certainement son chemin.

Note: les résultats ne sont pas encore définitifs, mais les tendances sont claires.

Pour des autorités communales plus représentatives

En Suisse, la quasi-totalité des législatifs sont élus à la proportionnelle. Ce système a fait ses preuves parce qu’il garantit une représentation équilibrée des citoyennes et citoyens. Il est en phase avec notre culture du compromis et du respect des minorités. Tout parti, groupement ou mouvement de citoyens, grand ou petit, réuni autour d’un programme de société ou simplement d’un projet concret, peut avoir accès au parlement. Les électeurs savent que leur voix y sera entendue à sa juste valeur.

D’autres pays ne connaissent pas la représentation proportionnelle. En France, par exemple, l’élection des députés au système majoritaire condamne les citoyens à voir s’affronter deux grands partis et les mouvements plus petits, même s’ils peuvent réunir jusqu’à 15 ou 20% des suffrages, ne sont presque pas représentés. C’est comme si on ignorait le vote des personnes qui leur ont accordé leur suffrage.

Malheureusement, dans plusieurs grandes communes vaudoises, l’élection au système majoritaire a le même défaut: les minoritaires sont exclus du Conseil communal. Ils ne peuvent ni faire de propositions, ni avoir accès aux instruments de contrôle, comme la commission de gestion. Au système majoritaire, une liste qui obtient le score non négligeable de 30% des suffrages peut très bien se retrouver sans le moindre élu. Alors que la liste qui obtient 51% des voix à peine obtient… 100% des sièges! Une démocratie qui fait taire les minoritaires et donne un pouvoir absolu aux majoritaires n’est pas exempte de défauts.

L’élection du Conseil communal à la proportionnelle dans les communes de plus 3000 habitants garantira que tous les avis soient représentés. Dans des localités plus petites, les rapports de voisinage suffisent en général à connaître tous les candidats, et donc tous les élus. Mais, lorsque la commune grandit, ce n’est plus possible. L’élection à la proportionnelle permet alors aux citoyens de savoir pour quels projets ils votent.

Ce type d’élection n’est en outre pas synonyme de «confiscation» de la politique locale par les partis. En effet, dans la quasi-totalité des communes, grandes ou petites, qui élisent leur Conseil à la proportionnelle, il y a une ou plusieurs listes indépendantes ou sans attache partisane. Il n’est donc pas nécessaire d’adhérer à un parti pour participer à la vie civique locale. Le système majoritaire a en revanche pour effet de camoufler les attaches partisanes des élus.

Enfin, introduire l’élection à la proportionnelle dans les grandes communes n’est pas une atteinte à l’«autonomie communale», car cette dernière ne saurait justifier un manque de représentativité des autorités. Au contraire, les communes sont plus fortes que lorsque leurs autorités peuvent s’appuyer sur leur légitimité. Une décision issue d’un large débat a plus de poids que si elle a été imposée par une majorité sans contradicteur au sein du législatif.

Parce que 30% des voix doivent donner droit à 30% des sièges: le 4 septembre, OUI à plus de démocratie dans les grandes communes!

Article paru aujourd’hui dans «24 heures»

La bonne vielle ficelle des prestations «exportables»

Le projet de loi est très clair sur le sujet: ni les PC familles, ni les rentes-pont ne sont exportables à l’étranger. Pourtant, les opposants à des conditions de vie décentes pour les familles de travailleurs pauvres et les chômeurs âgés persistent à clamer sur leurs multiples affiches et annonces que le contraire serait vrai. L’UDC est bien entendu à la pointe de ce combat, elle qui n’en est pas à son coup d’essai de faire croire qu’une prestation sociale profite avant tout aux étrangers, pour mieux inciter les Suisses à la refuser, ou, on l’a vu dans le cas de la loi sur l’assurance-chômage, à l’affaiblir. Remettons les choses au point. Continuer la lecture

Rentes-pont: La dignité pour les chômeuses et chômeurs âgés

Les personnes qui perdent leur emploi à un âge avancé ont peu de chance d’en retrouver. Le taux de chômage des plus de 60 ans est en effet beaucoup plus élevé que celui des autres classes d’âge. Même s’ils refusent toute forme de retraite flexible, les employeurs ont plutôt tendance à ne pas engager les travailleurs de plus de 55 ans. Souvent parce qu’il privilégient la productivité à l’expérience, ou craignent des coûts de 2ème pilier plus élevés. Or, les assurances sociales n’offrent qu’une protection très lacunaire aux chômeurs âgés. Continuer la lecture

Les adversaires du salaire minimum ont-ils un autre exemple que la France ?

Les adversaires du salaire minimum (dernière en date: Claudine Amstein) n’ont qu’un seul exemple à la bouche lorsqu’ils tentent de faire croire que le salaire minimum 1. tire tous les salaires vers le bas et 2. provoque du chômage. «Voyez la France!» clament-ils, «son taux de chômage astronomique!», «le pays où tout le monde est au SMIC!» (n’exagérons tout de même pas: même si c’est un nombre important, il ne s’agit que de 15% des salariés), etc., etc.
Or, comme tous les autres pays qui connaissent le salaire minimum ont fait des expériences positives avec cet instrument pour garantir des salaires décents, c’est le seul exemple qu’ils sont capables de dénicher pour attribuer au salaire minimum tous les maux possibles et imaginables. Et, manque de chance, cet unique exemple est en plus particulièrement mal choisi, car SMIC et salaires minimaux tels qu’ils existent en Suisse (p. ex. les salaires minimaux des CCT ou des CTT obligatoires) ne sont pas vraiment comparables. Voici deux différences fondamentales: Continuer la lecture

Un projet sans nouvel «effet de seuil»

Tous s’accordent à dire qu’en matière de politique sociale, il convient d’éliminer les «effets de seuil». Ils sont induits par des limites de revenu dans les barèmes qui conditionnent l’octroi des prestations et ont pour conséquence négative que les personnes dont le salaire dépassent le seuil se retrouvent dans une situation financière moins bonne qu’avant, même si leur revenu est censé être supérieur.
A peine les effets de seuil ont-ils été éliminés dans l’aide sociale vaudoise que les milieux patronaux souhaitent en introduire de nouveau. Continuer la lecture

Le travail doit en valoir la peine

Bien des travailleurs pauvres ont un revenu disponible à peine supérieur à celui qu’ils auraient s’ils ne travaillaient pas du tout et dépendaient entièrement de l’assistance publique. Ce qui signifie qu’une personne dépendant de l’aide sociale qui fait le choix de se réinsérer dans le monde du travail n’améliorera pas sa situation financière. Bref, à ce tarif, le travail n’en vaut guère la peine.
Pour les personnes concernées, c’est extrêmement problématique, car rester à l’aide sociale diminue les chances de retrouver un jour un emploi. L’Etat en subit aussi les inconvénients, car les bénéficiaires l’aide sociale n’ont pas intérêt à en sortir. Or, elle coûte de plus en plus cher : ses dépenses ont été multipliées par 3,5 en 15 ans et ce n’est pas la révision de la LACI, qui a expédié à l’aide sociale plusieurs centaines de personnes d’un seul coup, qui va améliorer la situation. Continuer la lecture

Combien de défaites faudra-t-il aux privatiseurs de l’éducation?

Il faut bien admettre que les partisans de la privatisation de l’éducation au moyen du «libre choix» de l’école (en général flanqué de «bons scolaires» ou «chèque éducation») sont des gens tenaces. Malgré leurs défaites aussi flagrantes que récurrentes, ils lancent initiative sur initiative. Dernière débandade en date: Saint Gall, qui a rejeté hier le «libre choix» par plus de 82% des suffrages. Avant, il y avait eu deux défaites dans une même proportion, à Bâle-Campagne (pourtant considéré comme un terreau favorables aux écoles privées) puis en Thurgovie (pourtant un des cantons où l’UDC – grand chantre des privatisation – est la plus forte), sans oublier la piteuse pétition vaudoise du «lobby parents Vaud», à la base une initiative annoncée à grands renfort de tambours et trompettes, transformée ensuite en simple pétition, car elle n’avait recueilli qu’à peine… le 10ème des signatures nécessaires! Et que le Grand Conseil a nettement rejetée, lui faisant subir le même sort qu’un postulat libéral quelques temps auparavant.

En matière d’éducation, le peuple est donc plus lucide que ne le croient les néolibéraux. Les citoyens ont bien compris que privatiser l’école ne peut que mener à la catastrophe, baisser la qualité de l’enseignement et les conditions de travail du personnel, augmenter les inégalités sociales et les coûts, tout en ne laissant qu’une seule sorte de gagnants: les actionnaires des écoles privées. Cette constatation qui relève du bon sens suffira-t-elle à pousser les privatiseurs de l’école à cesser enfin de s’obstiner?