Des problèmes informatiques mènent à la suspension du vote par internet à Zürich

«Le vote par internet, c’est l’avenir!» lit-on souvent. Mais, trop obnubilés par l’effet de mode, bien des partisans de l’introduction généralisée du vote électronique, négligent souvent les problèmes de sécurité informatique, qui sont loin d’être résolus. Pis, en ces temps où les attaques et fuites informatiques contre Etats et entreprises se multiplient, on peut même légitimement douter qu’ils le soient un jour. Continuer la lecture

Histoire d’un minable petit chantage

Dimanche dernier, quelques grands patrons ont pesté contre l’initiative pour la justice fiscale, menaçant carrément de «quitter la Suisse» en cas de oui à la suppression des abus de la concurrence fiscale. Ces mesquins maîtres-chanteurs jouaient à la foi le rôle de l’enfant gâté («si tu fais pô comme je veux, je boude») et celui, plus grave, du seigneur féodal qui n’a aucun respect pour la démocratie («le bon peuple n’a qu’à voter comme notre bon plaisir le lui commande»).

Parmi eux, Alfred Schindler, patron des ascenseurs du même nom domicilié dans le demi-canton de Nidwald. Un monsieur tout ce qu’il y a de plus à l’abri du besoin, en témoignent son revenu annuel (dividendes compris) d’environ 48 millions et sa fortune de quelques 500 millions de francs. Il prétendait que l’initiative socialiste lui ferait payer «70 à 80% » d’impôt. Mais aujourd’hui, le « Blick» lève le voile sur cette supercherie. Le quotidien alémanique a calculé qu’en cas d’acceptation de l’initiative, non seulement M. Schindler ne payerait pas autant d’impôts (à peine 37% de son revenu), mais surtout que ce montant resterait nettement inférieur à celui que M. Schindler payerait dans les cantons de Zürich, de Berne ou de Bâle. Nidwald ne se transformerait donc pas en «enfer fiscal». Mais ce n’est pas tout, son impôt serait, même en cas de oui à l’initiative, aussi inférieur à celui que M. Schindler aurait à subir s’il mettait sa menace à exécution et déménageait en Australie, où il possède une maison. Enfin, le «Blick» révèle que, pour étayer sa menace, M. Schindler a confondu les impôts de sa société et les siens. Si l’on suit l’argumentation des milieux économiques comme quoi les hauts salaires sont forcément synonymes de compétence, nul doute que cette erreur n’était pas involontaire.

Cette petite histoire permet de rappeler que :

·         L’initiative pour la justice fiscale laisse les cantons libres de fixer la quasi-totalité de leurs taux d’imposition. Elle les empêche juste de pratiquer des taux indécents dont ne bénéficient que quelques super-riches.

·         Moins de 1% des contribuables domiciliés dans une minorité de cantons sont concernés par l’initiative. A l’instar de M. Schindler, il ne s’agit ni de patrons de PME, ni de représentants des classes moyennes. Aucun contribuable n’est concerné dans le canton de Vaud.

·         Les impôts des autres contribuables n’augmenteront pas si l’initiative est acceptée.

·         Les taux d’imposition helvétiques resteront inférieurs à ceux de la plupart des autres pays.

·         Des menaces aussi mal fondées que celles de M. Schindler sont des menaces en l’air.

Le 28 novembre, OUI à l’initiative pour des impôts équitables!

Partiront-ils?

A chaque fois que l’on parle d’impôt, c’est la même rengaine: «Si on augmente leurs impôts, les contribuables aisés partiront» claironnent les partisans de la sous-enchère fiscale. Ainsi, comme ils n’arrivent pas à faire croire que l’initiative contre les abus de la concurrence fiscale augmentera les impôts de tous les contribuables (alors que le texte ne vise que 1 % d’entre eux), les partis bourgeois nous promettent immanquablement un «exode des riches» en cas d’acceptation de l’initiative. Encore une fois, ils jouent sur la peur avec des motifs infondés. Continuer la lecture

La concurrence déloyale n’est pas acceptable

Les abus de la concurrence fiscale mènent petit à petit notre pays à sa ruine. Certains cantons, parce qu’ils sont proches des grandes centres, de leurs infrastructures, de leurs emplois, de leur offre culturelle, de leurs hautes écoles, de leurs hôpitaux de pointe, etc. peuvent se permettre, parce qu’ils disposent de terrains à bâtir bien situés, d’attirer les bons contribuables à n’importe quel prix. Pour les autres cantons, pas d’autre choix que de suivre la sous-enchère et d’accorder à leur tour des cadeaux fiscaux à un minorité nantie, au risque de devoir, quelques années plus tard, couper massivement dans les dépenses publiques aux dépens de la majorité de la population.

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Des diverses manières d’apprécier le risque de la spéculation

Dans son allocution officielle sur la baisse des rentes du 2ème pilier (entendue ce midi sur les ondes de la RSR), M. Burkhalter avertissait, la bouche en cœur, que les caisses de pension, pour pouvoir garantir les rentes actuelles, seraient bien obligées de «faire des placements risqués», car les rendements des placements actuels sont, selon lui, insuffisants. Bref, un refus de baisser toutes les futures rentes «forcerait» les caisses de pensions à risquer l’argent de leurs assurés dans des fonds à haut rendement mais à fort risque (p. ex. des «hedge funds»). Un «non» le 7 mars ouvrirait donc la porte à une spéculation hasardeuse sur le dos des assurés, au risque de perdre le capital de tout le monde, retraités actuels y compris. Voilà qui fait froid dans le dos.
Mais ce que M. Burkhalter s’est bien gardé de dire, c’est que les caisses des pensions ont déjà été autorisées… par le Conseil fédéral à investir dans des placements «alternatifs» (y compris des fonds spéculatifs, cf art. 53 al. 1 lit. e et 55 OPP 2) à hauteur de 15% de leur capital. Certes, à l’époque (début 2009), M. Burkhalter n’était pas encore membre du gouvernement, mais personne ne l’a entendu s’en plaindre. Il faut dire que son parti, le reste de la droite et les milieux économiques applaudissaient à deux mains, sans se soucier un seul instant de la crise des marchés financiers qui sévissait alors. Il faut dire que les banques encaissent de juteuses commissions sur ces produits financiers risqués (pardon, «alternatifs») et peut-être est-ce plus leur intérêt que celui des assurés du 2ème pilier qui a guidé cette décision gouvernementale. Inutile de rappeler que les syndicats s’étaient opposés avec vigueur à cette possibilité données aux caisses de pension de jouer au casino jusqu’à 100 milliards appartenant aux assurés.
Pour défendre les intérêts des grandes compagnies d’assurance, le Conseil fédéral affiche donc une mauvaise foi particulièrement prononcée: D’un côté on fait croire aux citoyens qu’un refus de baisser les rentes «obligerait les caisses à faire des placements risqués», et de l’autre, on autorise ces dernières à faire de tels placements, quand on les y encourage pas carrément. Tout en espérant publiquement qu’elle n’en fassent pas. Allez comprendre.
Tant d’incohérence ne mérite qu’un non à la baisse des rentes le 7 mars.

Mais où sont passés ces 600 millions?

Argument-choc des partisans de la baisse des rentes: chaque année, 600 millions de francs seraient pris au capital des caisses de pension des salariés pour financer les rentes. A cause d’un taux de conversion «trop élevé», les actifs seraient ainsi spoliés au moyen de ce que les milieux économiques et les partis bourgeois appellent un «transfert caché» ou d’une «redistribution camouflée». Voilà qui sent le vol à plein nez: Les «voleurs de rentes» ne seraient donc pas les assureurs privés (qui comptent améliorer leurs bénéfices grâce à une baisse du taux de conversion totalement inutile), mais plutôt les retraités, qui vivraient déjà au-dessus de leurs moyens, et ce aux dépens des actuels actifs. Et les libéraux-radicaux (du moins, le parti suisse, car il est possible que certaines sections cantonales rejoignent le camp du non, comme l’ont déjà fait p. ex. le PDC du canton de Zürich ou l’UDC du Valais Romand) de dépeindre socialistes et syndicats comme des bandits tout droit sortis d’un dessin animé.
Il suffit cependant de s’intéresser à la façon dont ces 600 millions ont été calculés pour constater que l’argument relève au mieux de l’étourderie, au pire de l’escroquerie. Ainsi, selon les partisans de la baisse des rentes, ces «600 millions de transfert caché» ne sont qu’une «estimation». C’est en tout cas ce qu’on peut lire à la p. 17 de leur «argumentaire long». Ah bon. Une simple «estimation» comme argument de campagne, on a vu mieux.
Mais ce n’est pas tout. Car ces 600 millions ne proviennent en fait pas d’une estimation, mais d’un calcul tout ce qu’il y a de plus sérieux. Mais il ne s’agit pas du tout de la somme des «pertes actuelles du 2ème pilier», d’une somme que les retraités actuels «prendraient» aux futurs retraités. Il s’agit plutôt, selon l’Office fédéral des assurances sociales, de la somme qui serait économisée chaque année si le taux de conversion était baissé, et avec lui toutes les futures rentes du 2ème pilier (pour plus de détails…). D’une économie potentielle, les partisans de la baisse des rentes font le montant actuel (mais fictif) des pertes du 2ème pilier. Il fallait oser. Ce n’est en effet pas parce qu’on décide d’économiser une certaine somme que l’on a, comme par enchantement, un déficit du même montant. C’est en général plutôt l’inverse: C’est parce qu’on fait un déficit que l’on décide de réduire les dépenses du montant correspondant.
Or, actuellement, le 2ème pilier ne fait pas de pertes. Les caisses de pensions se portent bien, les bénéfices des assureurs privés qui en gèrent une partie sont confortables – malgré la récente crise boursière – et leurs actionnaires se voient promettre des rendements à deux chiffres (ce qui ne serait certainement pas le cas si le 2ème pilier perdait réellement plusieurs centaines millions chaque année!).
Les «600 millions» s’avèrent donc n’être rien d’autre qu’un tour de passe-passe pour faire peur à la population. Le deuxième pilier est solide, son avenir est assuré à long terme et l’on peut donc, sans se faire de soucis, voter non à la baisse des rentes le 7 mars.

Les jeunes, premières victimes de la baisse des rentes

Les partisans de la baisse des rentes promettent aux jeunes un avenir sombre, leur persuadent que la sécurité du 2ème pilier n’est plus garantie, que la hausse de l’espérance de vie n’est plus tenable et, qu’au final, ils se retrouveront les mains vides sans toucher une retraite pour laquelle ils auront pourtant cotisé. La méthode est la même que lorsqu’il s’agit d’AVS: Pour convaincre les jeunes générations de couper dans les prestations, on tente de leur faire croire que, si elles n’acceptent pas de serrer la ceinture des retraités, ce sont elles qui paieront la note. Continuer la lecture

Bärengraben

Ça devait finir par arriver. Occupé à rattraper sa carte naruto qu’un coup de vent a emporté, le petit Kevin Imobersteg est tombé dans la fosse aux ours. L’ours Grunt, récent chouchou du public et amateur de chair fraîche, s’est rué sur lui. Affolé, le Bärenwachtmeister Stämpfli téléphone au Kommandant von Graffenried, chef de la police municipale.

– Chef, z’est horribleu, il y a Grunt qui bouffe un betit gamin gui est tombé dans le Bärengraben!

-Pas de panik, Stämpfli, prozédure habituelle. Tu détournes l’attenzion de l’ours afec des karottes, etzetera. Et zi za fa pas, tu rappelles, iverstande?

– Jawohl Chef! Zu Befehl!

(…)

– Chef, z’est terribleu. Grunt ne veut pas lâcher le bueb. Pourtant, on a tout essayé, karottes, zaucisses, requérant d’asile pien dodu, nüt funktioniert.

– Pas de panik, Stämpfli, prozédure habituelle. Si le Bär ne réagit pas, tu peux tirer. Alors, tu vas chercher le fusil, tu le mets en joue et tu me rappelles. Klar?

– Jawohl chef! Zu Befehl!

(…)
– Chef, za y est, ch’ai l’ours dans mon fiseur. Autorzation de faire feu, chef?

– Désolé, Stämpfli, y’a Maîtreu Ponzet, l’avocat de Grunt qui a téléphoné entre temps. Il nous menace de poursuites judiciaires si on tire. En plus, si l’ours mange le gamin, z’est qu’il était mal nourri et l’avocat dit que za pourrait jouer contre nous au prozès. Tant pis pour le bueb. Rrrompez!

– Jawohl chef! Zu Befehl!

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Chronique de politique chronique parue dans le Tromblon.

Les arguments en faveur de la baisse des rentes sont «légers» et «trahissent la médiocrité»

Ce n’est pas le discours d’une responsable syndicale ou d’un défenseur des consommateur, mais celui de Michel Thétaz, patron de la société de gestion institutionnelle genevoise IAM, que l’on peut guère soupçonner d’accointance avec la gauche ou des organisations de consommateurs. Comme on peut le lire aujourd’hui dans «le Temps», M. Thétaz considère que les arguments avancés par les partis bourgeois et les milieux économiques sont aussi «réducteurs» et «axés sur le court terme», bref, injustifiés. En effet, pour garantir à long terme un taux de conversion de 6,8% (que les partisans du vol des rentes veulent baisser à 6,4%), un rendement de 4,9% est nécessaire (c’est même l’OFAS qui le dit). Or, ces 25 dernières années, le rendements moyen de l’indice LPP a été de 5,9%. Moralité: Contrairement à ce que prétendent les adversaires du pouvoir d’achat des futurs retraités, les rentes du deuxième pilier ne sont pas en danger (d’autant plus que le taux de conversion a déjà été adapté à la hausse de l’espérance de vie en 2003).
Un autre indice? Les grandes sociétés d’assurance, les mêmes qui osent que les rentes qu’elles servent ne sont plus garanties, annoncent à leur actionnaires des objectifs de rendement sur capital propre à deux chiffres. Par exemple, Zurich Financial Service leur promet un rendement de… 16%. Malgré les prétendues «difficultés» que connaît le deuxième pilier!
Que les choses soient claires: La baisse des rentes sur laquelle le peuple se prononce le 7 mars a pour objectif de protéger non pas le deuxième pilier, mais plutôt les bénéfices des assureurs privés.

2ème pilier: Non à la baisse des rentes!

Les assureurs privés ne gèrent qu’un 5ème des avoirs de toutes les caisses de pensions. Pourtant, ils génèrent la moitié des frais de gestion. Cherchez l’erreur!
Il faut dire que ces sociétés encaissent, grâce au 2ème pilier, de juteux bénéfices. Bénéfices qu’ils comptent bien améliorer sur le dos des futurs retraités en obtenant une baisse du taux de conversion. Derrière ce terme technique se cache en réalité une baisse des toutes les rentes des assurés du 2ème pilier. Continuer la lecture