Je ne suis pas un partisan du vote par internet. Cependant, je peux admettre l’utilisation de cet outil pour certains publics-cible, comme les Suisses de l’Etranger ou les personnes avec un handicap de la vue. Mais surtout, je suis convaincu qu’un système de vote électronique n’est acceptable que si certains principes démocratiques sont respectés. Les partisans du vote électronique, pour autant qu’ils souhaitent aussi un scrutin fiable et transparent, devraient partager cet avis. Et heureusement, beaucoup le partagent. Ces principes doivent être à mon avis les suivants : Continuer la lecture
Archives de catégorie : votations
Bourses d’études : les disparités cantonales nuisent à l’égalité des chances
« Si vous trouvez que la formation coûte trop cher, essayer l’ignorance », disait Abraham Lincoln. Dans de leurs allocutions du 1er août ou crédos de campagne, la plupart des élus helvétiques tiennent peu ou prou le même discours : privée d’autres matières premières que la matière grise, la Suisse n’a pas d’autre choix que de miser sur l’éducation. Malheureusement, ces belles professions de foi ne résistent guère à l’épreuve des faits. Lorsqu’il s’agit de voter les crédits pour la formation et la recherche, PLR et UDC s’en remettent en effet bien vite à une austérité aussi idéologique que contre-productive. Ces tentatives de scier la branche sur laquelle notre économie est assise ont par bonheur échoué dans leur grande majorité et notre pays a pu faire le choix d’investir dans sa future prospérité.
Mais il est à craindre qu’une partie toujours plus grande de la population soit privée des bénéfices de ces investissements colossaux, car l’égalité des chances est menacée. Continuer la lecture
Festival de bobards à propos de l’impôt sur les successions
Les adversaires de l’initiative pour une réforme de la fiscalité successorale qui vise à imposer les successions de plus de 2 millions de francs en faveur de l’AVS font preuve d’une agressivité sans bornes. Les initiants sont accusés, pêle-mêle, de haïr les riches, d’exproprier les familles de la classe moyenne, de ruiner les PME, de vouloir la peau des entreprises familiales et de détruire 12’000 emplois. Les opposants ne reculent en outre devant aucune contre-vérité. Voici donc une petite mise au point, basée sur quelques-uns des « arguments » qu’ils distillent. Continuer la lecture
Renforcer l’AVS, réduire les inégalités: Oui à l’impôt fédéral sur les successions!
L’AVS est à juste titre l’assurance sociale préférée des Suisses, notamment parce qu’elle contribue à la redistribution des richesses. Elle bénéficie aussi d’un financement solide : contrairement à ce qu’annonçaient les prévisions alarmistes de la droite, en particulier de l’ancien conseiller fédéral PLR Pascal Couchepin, elle fait des bénéfices (1,7 milliard de Francs en 2014, cf. les comptes 2014 de l’AVS). Mais pour que cette solidité perdure, l’AVS aura besoin d’un financement supplémentaire à terme. Pour faire face à ce défi, il y a d’un côté les « solutions » de la droite et des milieux économiques aussi éculées qu’antisociales : hausse de l’âge de la retraite et baisses des rentes (p. ex. grâce à la suppression de leur indexation). Mais il y a aussi une solution bien plus judicieuse : l’initiative pour un impôt fédéral sur les grosses successions et donations, qui rapportera jusqu’à 3 milliards de francs par an, dont 2/3 iront à l’AVS (et le reste aux cantons). Continuer la lecture
Révision de la LRTV : Oui à la cohésion nationale, oui au service public !
Dans un petit pays multilingue à forte diversité culturelle comme la Suisse, il est indispensable de pouvoir compter sur des médias de service public forts. Sans médias de service public, il n’y aurait en effet pas de marché suffisant pour des chaînes régionales ou locales en Suisse romande, ni d’ailleurs pour des chaînes italophones ou de langue romanche. En Suisse romande, nous n’aurions qu’à nous contenter des médias audiovisuels français. Et même en Suisse alémanique, les chaînes allemandes seraient probablement la seule offre (ce n’est d’ailleurs pas étonnant que l’adversaire la plus violente du service public est une de mes collègues UDC/ZH qui travaille… pour une agence qui vend des fenêtres publicitaires aux chaînes de TV allemandes).
Par ailleurs, des médias de service publics sont capitaux pour le bon fonctionnement d’une démocratie comme la nôtre. Continuer la lecture
Et maintenant, si on aidait VRAIMENT les familles ?
Le peuple a tranché. Il ne veut pas de l’initiative du PDC qui aurait coûté très cher et n’aurait profité qu’à une minorité de familles aisées. Il faut s’en réjouir. Mais cela ne veut pas dire que les familles n’ont pas besoin de soutien. Au contraire, soutenir les familles est plus que jamais nécessaire. Mais attention, pas n’importe lesquelles et pas n’importe comment. Il s’agit d’aider les familles qui ont réellement besoin de soutien, c’est-à-dire les familles des classes moyenne et modeste. Mais il s’agit aussi des les aider efficacement, par des mesures ciblées et non pas par l’arrosoir des baisses fiscales, au sujet desquelles le peuple vient de confirmer qu’elles profitent surtout au hauts revenus, en plus de leur coût prohibitif.
Voici donc quelques pistes pour soutenir les familles :
Ce n’est pas ainsi qu’on soutient efficacement les familles…
L’initiative du PDC, autoproclamé « parti des familles » (même s’il ne rechigne pas à s’attaquer aux plus modestes d’entre elles comme on le verra plus loin), part d’un bon sentiment. Qui, en effet, peut se permettre d’être contre le fait « d’aider les familles » ? Mais pour soutenir vraiment les familles qui ont besoin de soutien, point n’est besoin de soutenir l’initiative populaire « Aider les familles ! Pour des allocations pour enfant et des allocations de formation professionnelle exonérées de l’impôt ». Il vaut plutôt la refuser, tant cette initiative aussi coûteuse qu’injuste risque de porter préjudice aux familles des classes moyennes et modestes, lesquelles seront de toute manière exclues du cercles de ses bénéficiaires. Continuer la lecture
Votes populaires : les perdants ne sont pas ceux que l’on croit
Peu importe que la gauche ait réuni 40% des votants, soit 10% de plus que son score électoral ! Les résultats de la votation sur les forfaits fiscaux à peine tombés, la presse et la droite entonnaient en chœur : « une nouvelle terrible défaite pour le PS ». Ainsi, « Le Temps », à l’obédience de plus en plus libérale, titrait « Forfaits fiscaux : une nouvelle défaite pour la gauche ». L’USAM claironnait quant à elle « Encore une gifle cinglante ! » (un titre qu’elle gardait probablement en réserve, après avoir renoncé à l’utiliser à propos de la débandade de sa propre initiative pour baisser la TVA dans la restauration). Quant à l’extrême-gauche, qui ne se remet probablement pas d’avoir dû supplier PSS et USS de l’aider à récolter les 60’000 signatures manquantes pour faire aboutir son initiative, elle prépare un pamphlet décrivant le PS comme « une machine à perdre ».
Il est vrai que, de prime abord, la lecture des résultats des dernières initiatives lancées ou soutenues par le PSS a de quoi décourager. Si l’on excepte l’initiative « contre les rémunérations abusives », il n’y a que des défaites, certaines honorables (1:12, caisse publique d’assurance-maladie, forfaits fiscaux), d’autres cuisantes (salaire minimum, six semaines de vacances), en tout cas au niveau comptable. Mais quoi qu’il en soit, ces défaites ne sont pas aussi dramatiques que ne le laisse entendre le seul verdict des urnes. Au contraire, toutes ont contribué à faire avancer les projets du PS et à améliorer concrètement la situation des gens que nous défendons. Par ailleurs, le PS ne perd pas plus souvent que les autres partis en votation populaire, même quand il s’agit d’une initiative, surtout lorsque l’initiative en question porte sur un objet économique ou fiscal. Continuer la lecture
Intérêt public ou bon plaisir du prince ?
Les partisans des forfaits fiscaux n’ont de cesse d’étaler la « générosité » des bénéficiaires de ce traitement de faveur. Ces derniers paient en effet des montants sans rapport avec leur capacité économique, à l’aune de laquelle tous les autres contribuables sont imposés. Mais peu importe ! ils se « rattrapent » en couvrant de dons et legs communes et sociétés locales. L’un de ces munificents personnages finance par exemple des logements protégés, l’autre est mécène d’un festival. Les partisans des forfaits fiscaux en tirent la conclusion qu’il ne faut surtout pas taxer ces contribuables fortunés comme vous et moi, car ils cesseraient d’être aussi « généreux ». Et ce chœur des pleureuses de prédire des lendemains qui déchantent aux sociétés locales, à la culture, aux œuvres d’entraide, sans oublier aux fabricants de plaques commémoratives. Alors, pourquoi diable soumettre ces nababs aux mêmes règles fiscales que le commun des mortels ? Continuer la lecture
Initiative « Sauver l’or de la BNS » : Entre fantasme protectionniste et délire alchimique
A l’inverse des alchimistes, l’UDC souhaite transformer l’or en plomb. Parti du fantasme nostalgico-protectionniste de l’Etalon-Or (qui n’a plus la moindre utilité en politique monétaire), l’extrême-droite veut d’une part forcer la Banque Nationale Suisse à détenir 20% de ses réserves en or, et, d’autre part, à les stocker en Suisse. Cette initiative témoigne d’une profonde méconnaissance des mécanismes monétaires et aurait des conséquences désastreuses.